Carte blanche de Michel Maquil du 16 avril 2025 : La philanthropie privée, un rempart contre le recul des aides au développement

Carte blanche de Michel Maquil du 16 avril 2025 : La philanthropie privée, un rempart contre le recul des aides au développement

Dans sa nouvelle carte blanche, Michel Maquil, ancien président d’InFiNe, analyse l’impact des récentes décisions de l’administration Trump sur les pays en développement et souligne le rôle croissant de la philanthropie privée. Il met particulièrement en lumière la contribution de la Fondation de Luxembourg, membre d’InFiNe, dans la création de fondations familiales qui participent activement à la lutte contre la pauvreté. Cette réflexion résonne particulièrement avec la mission d’InFiNe de stimuler l’inclusion financière comme levier d’autonomisation des groupes à faibles revenus, en identifiant des mécanismes alternatifs de financement du développement face au désengagement de certains États.

Le texte s’inscrit dans notre engagement à promouvoir des solutions innovantes en matière de finance inclusive et à capitaliser sur l’expertise luxembourgeoise dans ce domaine. Bonne lecture !

La philanthropie privée, un rempart contre le recul des aides au développement

Les nombreuses mesures annoncées et prises par l’administration américaine du président Trump au cours des trois derniers mois ont, à juste titre, causé beaucoup d’irritement et de malaise dans nos pays. Dans le feu de l’action, on oublie cependant que ce seront les pays en voie de développement les plus pauvres qui auront le plus à pâtir de ces mesures.

Il y a quelques semaines déjà, ces pays en voie de développement avaient subi le contrecoup des coupes sévères dans les aides qu’elles recevaient par le canal de l’agence américaine USAID. Celles-ci représentent l’équivalent de près de 40 milliards d’euros. D’autres pays occidentaux comme l’Angleterre, la France, la Belgique et les Pays-Bas ont quant à eux, annoncé qu’ils réduiraient, parfois substantiellement leurs aides financières aux pays en voie de développement.

C’est pour cette raison que les droits de douane sur les exportations vers les Etats-Unis frappent si durement les pays en développement en particulier les plus pauvres d’entre eux. La situation financière de nombre de pays en voie de développement est devenue très précaire, voire désespérée.

Bien que les droits de douane à l’importation de biens initialement annoncés par l’administration Trump, eussent été ramenés à 10 % pour une période de trois mois, ils demeurent toujours encore un très gros problème pour les pays en voie de développement.

Ces pays n’ont pas les mêmes moyens que les pays riches pour s’opposer à l’administration américaine et négocier une solution satisfaisante. De plus, ils n’ont pas un tissu économique suffisamment structuré pour pouvoir faire des propositions concrètes aux Etats-Unis pour réduire le déficit commercial dans leurs échanges de biens. Ainsi ils n’ont même pas la possibilité de stabiliser tant soit peu leurs finances publiques.

Une lueur d’espoir vient du secteur privé, sous la forme de la philanthropie privée. Ainsi pour la seule année 2023, quelque 70 milliards d’euros ont été mis à la disposition par des intérêts privés du monde entier, pour combattre la pauvreté et en particulier pour aider au développement des pays pauvres. Une grande partie de ces dons transite ensuite par des organisations non gouvernementales.

Certaines familles vont désormais plus loin et créent leur propre fonds familial ou fondation familiale qu’elles gèrent elles-mêmes et grâce auxquels elles vont ensuite accorder un soutien financier à une cause de leur choix. Cela permet en particulier aux membres de ces familles d’être plus proches des problèmes qu’ils souhaitent aider à résoudre. En dialogue avec les bénéficiaires, ils peuvent également adapter progressivement leur aide aux nouveaux besoins et assurer ainsi la pérennité de leur action.

En 2008, l’État luxembourgeois a créé, en collaboration avec l’Œuvre Grande-Duchesse Charlotte, la Fondation de Luxembourg. Son objectif est de promouvoir et d’accompagner la création de telles fondations familiales ou d’autres organisations à but philanthropique. À ce jour, la Fondation de Luxembourg a contribué à la création de 112 organisations de ce type, qui ont collectivement rassemblé plus de 360 ​​millions d’euros, et quelque 85 millions d’euros ont pu être versés à des fins philanthropiques dans 61 pays différents.

Il faut espérer que de plus en plus de familles, mais aussi d’entreprises, s’orienteront dans cette direction et pourront ainsi contribuer à ce qu’au moins une partie de l’aide gouvernementale actuellement réduite, voire supprimée soit progressivement remplacée dans la lutte contre la pauvreté et surtout dans l’aide au développement.

Auteur : Michel Maquil, Ancien président de InFiNe
Photo : Aaron Burden sur Unsplash

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur.