Carte Blanche Michel Maquil du 11 Mars 2024

Carte Blanche Michel Maquil du 11 Mars 2024

Pour une autre croissance de l’économie mondiale

L’un des objectifs de l’aide au développement était de sortir le plus de gens possible de l’extrême pauvreté en mettant tout en œuvre pour leur garantir un revenu minimum d’au moins deux euros par jour. La croissance économique des 50 dernières années a permis d’atteindre en grande partie cet objectif et qui demeure encore bien modeste.

De nos jours, on estime que dans les pays pauvres, une personne a besoin d’au moins 12 € par jour pour assurer, à soi-même et à sa famille, un mode de vie autonome. Cette personne peut alors se permettre d’envoyer ses enfants à l’école et surtout elle peut apporter un minimum de soins de santé à sa famille. Il s’agit là d’un objectif très ambitieux qui requiert beaucoup d’efforts. Cet objectif ne peut pas être atteint sans une économie qui continue à croître.

Dans les pays développés, notre modèle de croissance actuel est de plus en plus remis en cause, et cela en particulier parce qu’on se focalise presque exclusivement sur un certain impact négatif de cette croissance sur le climat.

Il s’agit certes là d’une réflexion très louable, mais en mettant ainsi en cause le modèle de croissance actuel, il convient non seulement de considérer son impact sur le climat mais il faut aussi tenir compte de l’impact de la croissance économique sur les pays voie de développement et leurs habitants. Il faut plutôt aspirer à une autre forme de croissance, qui est à la fois durable et inclusive, tout en parmettant d’atteindre l’objectif de zéro émission nette.

Nous avons actuellement même besoin d’une forte croissance qui place les priorités ailleurs. Il convient avant tout de miser sur des innovations, qui doivent favoriser beaucoup plus la réalisation de l’objectif climatique et la lutte contre la pauvreté.

Une bonne coopération entre toutes les nations est par ailleurs indispensable. Tant les pays en développement que les pays développés doivent travailler ensemble de façon résolue et sur base d’un partenariat équilibré et d’égal à égal. La politique, l’économie, le secteur financier et l’aide au développement, pour ne mentionner que ceux-ci, doivent coordonner au mieux les diverses actions qu’ils entreprennent.

À titre d’exemple, les récentes avancées dans le monde numérique, notamment celles en rapport avec l’intelligence artificielle, doivent être orientées de façon à favoriser prioritairement une croissance modiale durable et inclusive. Ces progrès doivent aussi profiter à l’ensemble de la population mondiale et non pas profiter seulement à une minorité restreinte.

On peut estimer que recourir à un tel système de croissance pour changer le vivre-ensemble mondial relève d’une approche naïve. Mais dans ce cas, il faut dire la même chose ce qui concerne l’objectif de zéro émission nette à atteindre à l’horizon 2050.

En fin de compte, nous avons besoin d’une grande solidarité mondiale où chacun est invité à titre individuel à apporter une contribution.

Michel MAQUIL

Ancien président d’InFiNe